Dans un précédent article, j’avais évoqué le vocabulaire émotionnel, article que vous pouvez relire ici.
Après avoir animé plusieurs ateliers de communication bienveillante dans lesquels j’ai utilisé les cartes émotionnelles, une chose revenait très souvent : le manque voire l’absence de connaissances relatives aux émotions chez les adultes.
De fil en aiguille, de réflexion en réflexion, le petit vélo en marche dans le cerveau en ébullition, j’en suis venue à me demander : « Comment transmettre un vocabulaire que nous ne savons pas ressentir ? » Parce que oui, nous ne savons plus ressentir nos émotions profondes, celles que nous ressentons étant souvent anesthésiques, ou le fruit d’une appropriation (comme le fait de pleurer devant un film par exemple). Nous n’avons dès lors plus connaissance de nos sensations.
En décalage avec nous-mêmes, comment nous concentrer sur le ressenti d’un enfant ? Comment entrer en écoute empathique et bienveillante avec notre enfant si nous ne nous connaissons plus nous-mêmes ? Si seulement, nous prenions le temps, de sentir, d’écouter en nous… nous ne serions plus victimes de nos émotions car, oui, nous sommes désormais devenus les victimes de nos propres émotions, que ce soit lorsqu’une colère nous emporte, ou lorsqu’un enfant fait une expérience aussi minime soit-elle…
Cet article est une réflexion, une pensée couchée sur papier à 21h30, que j’aimerais partager avec vous…
Parlons sensations…
Nous ne pouvons pas aborder le thème des émotions sans évoquer les sensations. Il s’agit de la base, du socle. Que la sensation soit procurée par les 5 sens, ou provienne de ce que nous ressentons à l’intérieur de nous (nœud à l’estomac, tremblements, etc.), elle nous renseigne sur nous-mêmes.
Les émotions sont accompagnées de sensations comme l’accélération cardiaque, les poings serrés ou la sensation de chaleur qui accompagnent la colère.
Parlons émotions…
Une émotion est une réaction physiologique spécifique d’adaptation de l’organisme, pour reprendre la définition d’Isabelle Filliozat (je vous recommande d’ailleurs vivement la lecture de son ouvrage Que se passe -t-il en moi ? Mieux vivre ses émotions au quotidien). La manifestation d’une émotion dure tout au plus une minute et demi.
Les émotions sont présentes dans tous les moments de notre vie et nous guident dans nos choix au quotidien. Une émotion se manifeste en 3 phases :
- une phase de charge ;
- une phase de tension ;
- une phase de décharge.
Sachant cela, nous pouvons prendre conscience du fait que, très souvent, nos réactions ne sont pas le fruit d’une émotion « réelle et naturelle » qui permettrait de se libérer. Ainsi, lorsque nous ne pouvons pas exprimer une émotion, notre corps, n’ayant pas vécu sa phase de décharge, va rester en tension (phase 2), ce qui va très souvent provoquer des symptômes.
Prenons pour exemple la peur, c’est une manifestation qui permet la fuite, la protection ou l’évitement. Cette peur est une réponse au danger. L’anxiété est elle aussi une peur naturelle, mais elle se produit face à des situations nouvelles, inconnues ou face auxquelles nous nous sentons impuissants. Elle permet de se préparer sainement.
Parlons maintenant des REP (Réactions émotionnelles parasites)…
Les REP ne sont pas forcément des émotions, mais il arrive très souvent que les émotions refoulées provoquent des réactions émotionnelles parasites. Or, ces réactions-là ne permettent pas d’entrer dans la phase 3 de décharge, mais vont plutôt se renforcer en s’exprimant. Elles se reconnaissent aisément car elles sont généralement disproportionnées, irrationnelles ou inappropriées.
Parfois, une situation actuelle va nous permettre de revivre une émotion bloquée dans le passé. C’est pourquoi elle est disproportionnée et inadaptée, car elle ne correspond pas au présent. Dans ce cas, l’expression de l’émotion n’est pas bénéfique. Il arrive aussi que nous exprimions une émotion à la place d’une autre, tout simplement parce que l’émotion refoulée était une émotion interdite dans l’entourage. L’enfant peut lui aussi apprendre à exprimer une autre émotion, plus valorisée qu’une autre, par substitution. Par exemple, un enfant à qui l’on interdit de pleurer et qui est puni pour cela peut apprendre à se mettre en colère pour être plus entendu.
Il existe bien entendu beaucoup d’autres symptômes psychosomatiques comme les phobies, la projection, etc.
Ma conclusion est donc d’apprendre à se centrer sur soi, d’apprendre à dire « Je » pour exprimer notre besoin ou ressenti. Ainsi, le modèle que nous incarnerons se transposera comme un miroir sur nos enfants… Il s’agit somme toute d’incarner soi-même la personne que l’on veut qu’ils soient.
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