Étape importante dans le développement de l’enfant et dans l’acquisition de l’autonomie, l’acquisition de la propreté* suscite de nombreuses interrogations chez les jeunes parents.
Dans une école Montessori, cette étape est abordée en communauté enfantine (à partir de 18 mois). A la maison, il convient d’adapter l’environnement de votre bébé pour l’accompagner dans son évolution.
Comment aider l’enfant à devenir « propre »? Comment mettre en place un environnement propice à l’acquisition de la propreté? Comment appliquer Montessori à la maison à ce sujet? Je vous apporte des clés pour aborder cette phase en toute sérénité.
La préparation indirecte
L’acquisition de la propreté se prépare bien avant que l’enfant soit prêt physiquement et psychologiquement. Que ce soit à la maison (en aménageant la chambre de bébé) ou dans une structure d’accueil montessori, l’ambiance nido mais aussi l’accompagnement de l’éducatrice montessori ou des parents contribuent à amorcer cet apprentissage. Vous pouvez découvrir dans cet article comment aménager une chambre montessori à la maison.
L’ambiance nido
Les activités d’éveil proposées dans cette ambiance permettent au tout-petit de travailler l’usage de sa main et sa motricité.
Dans le nido, il peut s’exercer à s’habiller et se déshabiller, ce qui lui sera d’une grande aide lors du passage au pot (ou aux toilettes).
Un point sur les couches : dès la naissance, il est judicieux de préférer les couches lavables aux des couches jetables. En plus d’être pleines de produits chimiques, ces dernières sont aussi beaucoup trop absorbantes, ce qui ne permet pas à l’enfant de sentir lorsqu’il est mouillé. L’enfant se rend compte qu’il se passe quelque chose dans son corps lorsqu’il fait pipi, mais il doit pouvoir en sentir les effets à l’extérieur.
Le rôle de l’adulte
L’adulte est un des piliers de la pédagogie Montessori. Sa posture envers le bébé, la manière dont il s’adresse à lui ainsi que les actions qu’il met en place sont fondamentales pour le développement et l’épanouissement de l’enfant.
Le lien d’attachement
Le lien que vous bâtissez avec votre enfant depuis sa naissance est très important, car il va l’aider à traverser cette étape (comme toutes les autres) de manière sereine et confiante.
L’importance du langage
Parlez-lui de manière naturelle et sans dégoût, pour lui expliquer ce qui se passe dans son corps. Évitez également de dire à votre enfant qu’il est « sale »ou qu’il « sent mauvais ».
Lors du change
Vous pouvez commencer tôt à changer votre enfant debout, afin de le faire participer au maximum.
Respecter le rythme de l’enfant
L’apprentissage de la propreté s’aborde de la même manière que n’importe quel autre apprentissage dans la pédagogie Montessori : avec respect du rythme de l’enfant, en l’observant et en l’accompagnant de manière bienveillante, sans chercher à lui imposer quoi que ce soit. Je vous invite d’ailleurs à lire mon article qui traite de ce sujet : chacun son rythme.
En effet, il serait inutile et contre-productif de vouloir « forcer » l’enfant à contrôler ses sphincters, comme il serait inutile de vouloir l’obliger à marcher. Il n’en est tout simplement pas capable d’un point de vue physiologique!
Observer l’enfant
Certains signes nous permettent de savoir si l’enfant est prêt ou non à entrer dans l’apprentissage de la propreté :
- Monter et descendre les escaliers en alternant les pieds est un indicateur que l’enfant est physiquement capable de retenir ses selles et ses urines.
- Il remarque ses fonctions corporelles et le signale « maman, pipi », ou bien il pointe sa couche après être allé à la selle.
- Il s’intéresse aux toilettes : il les regarde, s’assoit dessus etc …
- Psychologiquement, l’enfant est capable de se séparer d’une partie de lui.
Au contraire, si votre enfant refuse de s’installer sur le pot, ou qu’il pleure lorsqu’il fait ses besoins aux toilettes, c’est qu’il n’est probablement pas prêt.
Susciter sa coopération
Lui demander son accord permet à l’enfant de se sentir respecté, et pleinement impliqué dans ce nouvel apprentissage : « Es-tu d’accord pour enlever la couche ? », « veux-tu aller sur les toilettes ? ».
Si l’enfant refuse, il est important de respecter son choix.
Pour l’aider à collaborer, on peut instaurer des rituels, lui proposer de s’asseoir sur le pot sans l’imposer ou encore, comme nous venons de le voir, le préparer en amont à cet apprentissage.
L’environnement préparé
L’apprentissage de la propreté nécessite quelques aménagements, et un accompagnement adapté.
L’aire du change
On mettra à disposition de l’enfant le nécessaire pour favoriser son autonomie dans cette étape.
- Le petit pot: il est préférable de le placer dans les toilettes ou la salle de bain (si les toilettes sont trop petites). Dans la pédagogie montessori, chaque chose a un emplacement logique, il n’est donc pas judicieux de mettre le pot dans le salon.
- Les toilettes: on peut proposer à l’enfant de faire ses besoins sur les toilettes. En communauté enfantine, les enfants disposent de petites toilettes adaptées à leur taille. S’il n’est pas possible d’en installer à la maison, dans ce cas, on pourra ajouter un réducteur de toilette et un marchepied pour faciliter leur accès.
- Le lavabo: Là encore, si vous ne disposez pas de lavabo à la taille de votre enfant, mettez à sa disposition un marchepied, ainsi que du savon et une serviette pour qu’il puisse se laver les mains après son passage aux toilettes (ou sur le pot).
- Les vêtements: on veillera à habiller l’enfant avec des vêtements adaptés, qu’il pourra retirer et remettre tout seul, sans l’aide d’un adulte. On pourra aussi placer des vêtements de rechange à sa disposition, ainsi qu’un panier de linge sale.
L’accompagnement
Nous l’avons vu, l’enfant apprend à son propre rythme. On ne peut pas contrôler la propreté de l’enfant, il s’agit de son propre apprentissage que l’on accompagne et qu’on encourage sans lui mettre de pression.
Lui proposer un choix
Pour l’inciter à s’impliquer, on peut demander à son enfant s’il préfère aller sur le pot ou sur les toilettes par exemple. On peut aussi lui proposer de tirer la chasse d’eau (généralement les enfants aiment beaucoup le faire !)
Les livres
C’est le moment de lui présenter des livres en rapport avec la propreté. Je vous conseille d’ailleurs ce livre : Sur le pot, de Marianne Borgardt et Maxie Chambliss, qui est très ludique pour accompagner l’enfant qui devient propre.
Les routines
Instaurer une routine va également aider votre enfant dans cette phase : on peut lui proposer d’aller au pot à heures fixes, par exemple dès le réveil, après la sieste, après le repas, ou en repérant le moment de la journée où l’enfant va à la selle habituellement.
Les régressions et accidents
Les régressions sont tout à fait normales et nécessaires à l’enfant dans ses apprentissages. Il se peut qu’il enfant refuse catégoriquement du jour au lendemain de s’asseoir sur le pot, et qu’il fasse pipi ou caca sur lui. Dans ce cas, faites preuve de patience, et laissez-lui le temps de revenir vers cet apprentissage plus tard.
Le pipi au lit et les petits accidents en journée font aussi partie du processus normal d’apprentissage. On peut alors proposer à l’enfant de se changer seul, en l’encourageant et le supportant.
L’acquisition de la propreté diurne et nocturne se fait généralement dans le même temps. En moyenne, devenir propre peut prendre entre 3 à 6 mois. C’est pourquoi une préparation en amont sera d’une grande aide aussi bien pour les enfants que pour les parents ! Patience, bienveillance, ajustement sont donc les maîtres mots, comme pour toute nouvelle acquisition.
* J’utilise volontairement le terme « propreté » car c’est celui qui parle au plus grand nombre de personnes. Toutefois, le terme qui est le plus approprié est celui de continence.
2 Comments
Bonjour Alexandra, je viens de lire votre article , cette attitude respectueuse bienveillante et patiente donne envie d’essayer. merci
Bonjour Caroline,
Merci pour votre commentaire.
N’hésitez pas à me faire un retour à l’avenir 🙂